Je travaille pour l’Association Européenne des Chemins de la Via Francigena depuis un peu plus d’un an maintenant et j’ai eu l’occasion de découvrir progressivement ce bel itinéraire. L’année dernière j’ai marché durant l’évènement des 20 ans de l’association « Via Francigena. Road to Rome 2021. Start again ! » depuis Langres jusqu’au col du Grand-Saint-Bernard et cette année j’ai eu l’occasion de faire quelques autres étapes en France, que ce soit durant des week-ends en solo ou à l’occasion d’évènements organisés par d’autres associations travaillant sur la Via Francigena (FFRandonnée, FFVF). Cette année j’ai pris une semaine de vacances et j’ai décidé de marcher sur Compostelle, en prenant le Camino Francès au départ de Saint-Jean-Pied-de-Port. Marcher sur ces deux grands itinéraires européens a été une très belle expérience, riche en rencontres, découverte culturelle, reconnexion avec la nature et avec soi-même. Chaque personne vie sa propre expérience et porte un regard différent et unique sur le chemin.
De mon point de vue j’ai particulièrement été attentif à plusieurs aspects et je trouve intéressant de regarder les deux itinéraires et de les comparer sans rentrer dans un jugement de valeur, car il n’y a aucune concurrence de mon point de vue entre les deux.
Je sais bien grâce à mon travail que chaque pays à ses propres règles pour le balisage. Les deux chemins sont plutôt bien balisés en France dans l’ensemble même s’il y a parfois quelques sections sur la Via Francigena où des pèlerins m’ont dit avoir du mal à trouver leur chemin. En Espagne sur Compostelle comme en Italie sur la Via Francigena on retrouve en plus du balisage traditionnel de nombreux panneaux routiers qui indique le passage du chemin. Ce qui m’a particulièrement marqué c’est le balisage du camino Francés dans les villes en Espagne qui était omniprésent. On retrouve des panneaux routiers, des clous au sol et du balisage sur les murs des immeubles et maisons tous les 3 à 5 mètres par endroit c’est donc impossible de se perdre. Au début de chaque étape, on retrouve un panneau d’information avec le parcours et le dénivelé de l’étape. Sur la Via Francigena en France on retrouve aussi des clous dans certaines grandes villes ou des panneaux directionnels, mais chaque département a un niveau d’avancement différent pour ce qui est des panneaux d’informations et panneaux directionnels même si on constate que cela se développe de plus en plus.
D’un point de vue l’aménagement l’Espagne a beaucoup investie pour l’entretien des sentiers et le sentier est parfaitement sécurisé quand on passe près de route, il y a également beaucoup de ponts construits spécialement pour les randonneurs.
Les hébergements d’accueil pèlerins sont plus développés en Espagne qu’en France sur la Via Francigena et on peut facilement trouver un hébergement tous les 3 à 5 km tout au long de l’itinéraire et un des principaux avantage est que les prix sont bien plus bas en Espagne qu’en France, que ce soit pour l’hébergement et la nourriture on peut s’en sortir avec une moyenne de dépense journalière de 30 à 35 € pour l’hébergement et les trois repas alors qu’en France nous sommes plutôt en moyenne entre 45 et 50 € voir plus en ce moment avec l’inflation. Le petit bémol pour le Camino c’est que les albergues accueillant parfois plusieurs centaines de randonneurs/pèlerins par jour, on ne retrouve pas toujours l’accueil chaleureux des hébergements pèlerins en France.
La Via Francigena en Suisse (Valais) Le groupe “Road to Rome”
Les paysages sont très variés sur les deux itinéraires et ne se ressemblent pas ce qui les rend parfaitement uniques. D’un côté nous traversons les Pyrénées, la Sierra Nevada, Sierra Morena, Monts Cantabrique avec aussi des hauts-plateaux comme la meseta et de l’autre le Jura, les Alpes et les Apennins avec de nombreuse plaine et vallée comme la plane du Pô la Vallée de Susa… La Culture et la gastronomie est aussi très différentes entre les différentes langues, traditions locales, les nombreuses spécialités régionales françaises, les fromages, raclettes suisses, pasta et prosciutto italien et les tortillas espagnoles les deux chemins.
La renaissance de l’itinéraire de Compostelle étant plus ancienne que pour la Via Francigena il est évident que le niveau de développement est plus avancé sur ce premier et le niveau de fréquentation également. On le ressent bien en marchant sur le Camino, car tout au long de l’étape il y a toujours du monde devant et derrière, on n’est jamais vraiment seul. Sur la Via Francigena bien que la fréquentation augmente les pèlerins se croisent rarement en marchant sur la section française, mais plutôt le soir dans les hébergements. Ce sont des expériences uniques et c’est en discutant avec les pèlerins que j’ai remarqué que nombre d’entre eux font la Via Francigena après avoir fait Compostelle ou même parfois l’inverse.
Bon chemin à tout le monde, buon camino ou buen camino !