Nous présentons ici une synthèse sur l‘évolution de la Via Francigena en 2019 à travers l’analyse d’un échantillon de 2.000 passeports de l’AEVF et quelques réflexions. Il s’agit d’estimations, non exhaustives, mais utiles pour stimuler la réflexion sur le potentiel de la Via Francigena. La Via Francigena, les itinéraires culturels et le système de sentiers pédestres représentent un exemple idéal de tourisme post-pandémie.
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DONNÉES EN ÉVIDENCE
- La Via Francigena devient toujours plus internationale : les personnes viennent de plus de 60 pays! En Europe, à part l’Italie, les principaux visiteurs de l’itinéraire sont français, allemands et suisses ;
- En provenance d’Amérique, les États-Unis et le Canada sont en augmentation. En Asie, la Chine, la Corée du Sud et le Japon sont en train d’émerger ;
- À pied pour 80%, à vélo 19,7%, à cheval pour 0,3% ;
- Le choix de l’hébergement est confirmé à 50 % dans les auberges, les autres 50 % dans des établissements offrant plus de services ;
- Lieux de départ préférés : Col du Grand Saint Bernard, Lucques , Sienne, Fidenza et Pavie en Italie. Lausanne en Suisse ;
- La Via Francigena accueille un public âgé de 16 à 80 ans. Le groupe des 25-34 ans s’agrandit ;
- Le profil du pèlerin : instruit, passionné par la culture et la nature, curieux, en quête d’expérience, passioné par la bonne cuisine en cours de route ;
- Le nombre de services et d’entreprises qui soutiennent la Via Francigena augmente ;
- La Via Francigena favorise le développement de l’économie des territoires ;
- Le nombre de marcheurs est estimé à 50 000 en 2019, répartis le long du parcours européen ;
Sur le site www.viefrancigene.org plus de 4 millions de pages ont été visitées et 620 000 utilisateurs ont été enregistrés ;
PASSEPORTS OFFICIELS. Le nombre de points de distribution des passeports de l’AEVF a augmenté, grâce aussi à la collaboration de nombreux offices de tourisme et associations locales. Ce nombre est passé de 52 à 74 le long du parcours européen. Les nouveaux points de distribution comprennent, entre autres, Canterbury en Angleterre, Paris, France, Orsières en Suisse, Aoste, Milan, Viterbe en Italie. Pour la section Sud, il y a Monte Sant’Angelo et Barletta. Les points de distribution des passeports officiels représentent un enjeu très important car ils sont en fait le premier point de contact des pèlerins avec le monde de la Via Francigena.
LE PROFIL DE QUI VOYAGE. Le moyen de transport ? À pied pour 80%, à vélo pour 19,7% et à cheval pour 0,3%. L’âge moyen des participants est réparti comme suit : 8% entre 18 et 24 ans ; 21 % entre 25 et 34 ans, 18 % entre 35 et 44 ans, 19 % entre 45 et 54 ans, 22 % entre 55 et 64 ans, 10 % . Jeunes de moins de 17 ans 2 %.
La proportion d’hommes et de femmes inscrits était respectivement de 52% et 48%.
Les mois de départ préférés sont, dans l’ordre d’importance, août (19 %) et septembre (16 %), avril (12 %) et octobre (12 %). Les mois froids, de décembre à janvier, ont rassemblé plus de 10% des marcheurs.
La nationalité de référence détectée par les passeports de l’AEVF était majoritairement italienne (70%), ce qui confirme trois facteurs : une tendance croissante dans la péninsule d’un tourisme fait d’expérience, d’outdoor et de marche ; la méconnaissance de la Via Francigena en dehors de l’Italie ; dans certains pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, où les tours-opérateurs et les associations distribuent leurs propres passeports. En ce qui concerne les nationalités les plus présentes sur la Via Francigena en Europeon retrouve par ordre décroissant : France, Allemagne, Suisse, Espagne, Angleterre, Pays-Bas, Danemark et Belgique. D’Amérique, les États-Unis et le Canada sont principalement les pays de référence pour la partie nord et le Brésil et l’Argentine pour la partie sud. En provenance d’Asie, il y a une augmentation significative des pèlerins de Chine, de Corée du Sud et du Japon. L’Australie se confirme comme un continent “ami” de la Via Francigena avec un flux constant de pèlerins sur tout le tracé européen de l’itinéraire. Au total, plus de 60 Pays sont représentés sur l’itinéraire, dont Singapour, Nouvelle-Zélande et Taïwan. Il existe un énorme potentiel de croissance qui, avec une action promotionnelle adéquate, peut multiplier dix fois le nombre actuel de la Via Francigena.
LE DÉPART, UNE DESTINATION, PLUSIEURS DESTINATIONS. Données intéressantes sur les différents points de départ de la Via Francigena en Italie. Dans l’ordre : Col du Grand Saint Bernard 17%, Lucques 15%, Sienne, Fidenza et Pavie 6%. Suivi ensuite par Acquapendente, Viterbe. Cependant, il existe de nombreux lieux de départ dans chacun des quatre Pays et ils sont tous bien reliés avec les moyens de transport qui permettent de se rendre facilement à un endroit. En Suisse, Lausanne est confirmée comme le lieu le plus populaire pour commencer le voyage.
En ce qui concerne la destination finale du voyage, la ville de Rome et la Basilique Saint-Pierre au Vatican ont été le point d’arrivée de 48 % des voyageurs. Les autres destinations intermédiaires sont principalement les destinations toscanes, telles que Monteriggioni, Sienne, Lucques, Pontremoli, ou Ivrée dans le Piémont ou Viterbe dans la région du Latium. Compte tenu du développement de la Via Francigena dans le Sud de l’Italie, d’autres destinations telles que Monte Sant’Angelo, Bari, Brindisi, Santa Maria di Leuca dans les Pouilles peuvent être établies.
LES MOTIVATIONS. Quelles sont les motivations des pèlerins ? Les motivations spirituelles sont confirmées, liés à la recherche et à un contexte immatériel qui se combine bien avec l’expérience du voyage à pied. La motivation spirituelle, pour l’essentiel, se conjugue avec celle du tourisme culturel. Parmi les principales motivations exprimées figurent celles du partage. Ensuite, il y a celles liées au tourisme, à la nature et au sport, à la religion.
D’une certaine manière, la tendance 2022 confirme ce qui a déjà été enregistré, par exemple la préférence pour la marche par rapport au vélo, et la nationalité des pèlerins confirme l’attrait de la Via Francigena principalement pour les Italiens, bien que l’intérêt pour la route augmente à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. Parmi les motivations qui poussent à entreprendre le voyage, il y a toujours une composante spirituelle pour certains, mais les raisons sont surtout liées à un désir prépondérant de faire l’expérience de la nature en pratiquant un sport et, dans une large mesure, de découvrir de nouveaux goûts et de nouvelles saveurs.
L’expérience de la Via Francigena est un voyage partagé, car beaucoup partent en groupe ou à deux. En effet, même pour les pèlerins les plus expérimentés, vivre la marche ensemble permet d’affronter les beautés et les difficultés en partageant les émotions, ce qui rend l’expérience inoubliable. Au fil du temps, des groupes se sont créés et développés, également en ligne, pour l’échange de conseils et d’informations, ainsi que de récits de voyages le long de la Via Francigena. À cet égard, l’application All Trails peut certainement être utile, car elle permet d’échanger des suggestions et des rapports sur les itinéraires de randonnée et de télécharger des cartes, qui peuvent également être utilisées hors ligne, ainsi que des photos de son voyage en temps réel.
Les données sur les nuitées recueillies dans certaines auberges ont été analysées par échantillon afin de comprendre la tendance de ces établissements sur la base de la comparaison avec l’année précédente : Ivrée et Verceil 1204 (+5%), Senna Lodigiana 600 (+20%), Fidenza 880 (+6%), Cassio, Aulla et Gambassi Terme 5000 (+25%). Il convient de souligner qu’il existe désormais davantage de types de structures qui accueillent les pèlerins et les voyageurs partout, qu’il s’agisse de structures religieuses, d’auberges, de maisons d’accueil ou de chambres d’hôtes ou d’hôtels. En moyenne, on considère que 50% des gens préfèrent le premier groupe, l’autre moitié le second.
TEMPS DE MARCHE ET BUDGET. Quelle est la durée moyenne du voyage ? Le nombre moyen de jours dédiés à la marche est de 7. Chaque année, de nombreuses personnes reviennent sur le chemin, reprenant là où elles s’étaient arrêtées. Dans ce cas, le même passeport que les années précédentes est à nouveau utilisé. Le nombre de pèlerins, de voyageurs et de marcheurs est estimé à 50 000 en 2019 sur l’ensemble de l’axe Canterbury-Rome. Le budget moyen des déplacements à pied était de 50€/jour et de 60€/jour pour ceux qui se déplaçaient à vélo. Les retombées économiques autour de la Via Francigena sont estimées à environ 20 millions d’euros.
LES RÉPONSES À QUI MARCHE – UNE ÉQUIPE DISPONIBLE POUR LE PÈLERIN. 19 100 passeports de l’AEVF ont été distribuées en 2019 (en 2018, 16 900 ont été distribuées) grâce à la collaboration avec de nombreuses associations locales. Outre le travail de coordination, de suivi et de distribution des passeports, il existe également une importante activité de back office de l’équipe de l’AEVF pour répondre aux pèlerins en leur fournissant des informations, du matériel, des indications utiles sur le parcours dans les différentes langues. L’année dernière, 505 demandes ont été reçues au secrétariat, auxquelles s’ajoutent 460 autres demandes spécifiques à l’adresse électronique dédiée au “parcours” concernant les réponses sur le parcours ; enfin, plus de 250 demandes sont arrivées depuis la page Facebook de l’Association.
Ce sont des chiffres importants qui ont contribué à la croissance globale de la Via Francigena et, surtout, à une plus grande prise de conscience de l’importance d’avoir un seul itinéraire européen de 3 200 km qui implique maintenant aussi le Sud de l’Italie, jusqu’à Santa Maria di Leuca. La dimension européenne reste le principal atout de la Via Francigena, ainsi que sa capacité à rassembler 16 régions et 600 municipalités dans quatre Pays. Cela a un impact sur la complexité de la gouvernance, qui doit essayer de maintenir ensemble les spécificités, la beauté et le potentiel de chaque territoire tout en essayant de promouvoir l’ensemble du parcours. Plus la Via Francigena sera forte, plus chaque section régionale sera forte et plus la Via Francigena dans son ensemble sera forte.
LES PLUS GRANDS DÉFIS POUR L’AVENIR. Dans un avenir plus immédiat, il s’agira avant tout de savoir comment la Via Francigena et tout son système d’accueil, d’hébergement, de restauration, de services, pourront réagir à l’urgence sanitaire COVID toujours en cours, également en fonction des directives qui seront prises au niveau national. C’est un des points qui, entre autres, sera discuté par voie télématique avec le Comité Européen de Coordination Interrégionale Internationale (CECTI) convoqué par l’AEVF pour le 28 avril 2020. Dans cette phase d’incertitude, également pour le tourisme, il est important d’essayer de trouver des stratégies communes pour mieux affronter l’avenir de la Via Francigena, outdoor et à pied.
Les 10 points stratégiques pour le futur : la promotion internationale et améliorer le service d’accueil des pèlerins, notamment en ce qui concerne les auberges, les structures religieuses et les refuges pour les voyageurs. Une action et prise de conscience plus importante de la région Latium, la “Galice” de la Via Francigena, du rôle décisif qu’elle devra jouer pour faire décoller la Via Francigena. Dépenser au mieux les 20 millions d’euros que le Ministère italien du Patrimoine Culturel a mis à disposition sur tout le tronçon italien et perfectionner un système de maintenance du parcours sur échelle européenne. Mise en place nécessaire d’outils de communication et de story telling du chemin, comme aussi de retrouver les valeurs spirituelles du chemin de la Via Francigena en pensant au Jubilé 2025. Il sera nécessaire de créer un observatoire unique et un objectif à ne pas manquer sera la candidature européenne de la Via Francigena au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Il est fondamental de développer quelques itinéraires symboliques, qui peuvent être parcourus en 8-10 jours, comme par exemple Canterbury-Arras; Arras-Reims; Besançon-Lausanne; Martigny-Ivrée ou de Fidenza à Lucques. Consolider enfin la collaboration avec les associations “amis” et trail angels de la Via Francigena pour son animation à l’échelle locale.
Luca Bruschi
Directeur de l’AEVF
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