Itinéraire temporaire, en raison de l’interruption de l’itinéraire précédent.
L’étape suivante est Leri, dans la campagne verceillaise, une des grange liées à l’Abbaye de Lucedio : les grange étaient des organisations agricoles nées au XIIe siècle grâce aux moines bénédictins cisterciens en collaboration avec des frères convers et des paysans. En 1807, avec l’annexion du Piemonte à la France, Napoléon laissa l’ensemble des propriétés au prince Camillo Borghese, qui à son tour les céda à une société ; lorsque celle-ci fut dissoute, une partie de la grangia fut achetée par Camillo Benso di Cavour, qui la transforma en entreprise modèle avec l’emploi de techniques agricoles d’avant-garde. On ne doit pas négliger l’Eglise de la Natività di Maria Santissima, sur laquelle intervint également l’architecte Francesco Gallo, celui qui construisit l’imposante et audacieuse coupole du Sanctuaire de Vicoforte à Mondovì.
On arrive ensuite à Castelmerlino, une autre grangiaqui, quoique dans sa modestie, est dotée d’une petite église en maçonnerie de parement, dédiée à San Pietro, originale par son plan orthogonal et construite par l’architecte Carlo Antonio Castelli en un an seulement entre 1724 et 1725 : son plan est à rapprocher de celui du voisin Sanctuaire de la Madonna delle Vigne, aujourd’hui délabré.
Darola, enfin, est la grangia avec la plus grande surface cultivée en riz et a une planimétrie en cour fermée de grandes dimensions. Le donjon à l’entrée est bien conservé avec la porte cochère et la poterne qui, à l’origine, étaient dotées de pont-levis et de la passerelle « journalière », toujours baissée pour le passage piéton. L’Eglise San Giacomo du XVIIIe, réalisée elle aussi par Castelli, conserve une ancienneicône de la Vierge et une Nativité très gracieuse du dominicain Luigi Francesco Savoia, peintre de la deuxième moitié du siècle dernier qui a laissé beaucoup de ses oeuvres dans l’Eglise San Domenico à Torino.
En quittant l’itinéraire principal un petit détour mène à l’Abbaye de Lucedio : en 1123, sur une terre inculte, s’établirent quelque moines cisterciens venant de la ville française de La Ferté et on pense que le toponyme est dérivé de lucus dei, c’est-à-dire « bois sacrée ».
Les moines rendirent fertile et productif le territoire, en déboisant, défrichant, et exploitant la richesse en eau qui permit la culture du riz.. De cettegrangia abbatiale huit autres sont issues : Darola, Castelmerlino, Leri, Montarucco, Montarolo, Ramezzana, Pobietto et Montonero. Le complexe abbatial du XIIe siècle est encore reconnaissable dans divers édifices, mais les plus significatifs sont la Salle du chapitre et le Beffroi, à base quadrangulaire, duquel émergent quatre sections orthogonales délimitées par des corniches d’étage avec quelques petites arcatures. L’Abbaye originaire, dédiée à Santa Maria di Lucedio, fut reconstruite en 1766 et à partir de 1787 elle eut le titre de Santissima Vergine Assunta ; l’Eglise del Popolo telle qu’on l’appelle (1741), à la disposition des laïcs et des paysans, est encore aujourd’hui en attente de réhabilitation.
Le chemin mène alors à Ronsecco. L’établissement primitif fut créé près du Sanctuaire du Viri Veri, fut abandonné au XIIe siècle et reconstruit dans le site actuel vers 1660 sous l’épiscopat de l’évêque de Vercelli Uguccione. La localité, dont letoponyme remonte à Roncho sicho ou Ronchum sicum avec le sens de lieu inculte et aride, est aujourd’hui immergé dans le paysage de rizières entre les canaux d’irrigation, les sources et les fermes. L’Eglise San Lorenzo, édifiée au XVe siècle, a subi une restauration radicale en 1857 ; la dénomination du Sanctuaire déjà cité du Viri Veri, érigé à la fin du XVIe siècle, dérive vraisemblablement de villa vetus : le lieu est lié à la libération de village de l’épidémie de choléra de 1867 et la statue de Notre-Dame de l’Assomption fait l’objet d’une grande vénération ; un château dû aux Guelfes de Vercelli de la famille Bondonni datable de la fin du XIVe, est actuellement en restauration.
Nous arrivons à Lignana, dont la première attestation remonte à 1034, tandis qu’il est fait mention d’une ecclesia à partir de 1156, déjà avec le nom de San Germano. Au XIVe siècle le site est donné en fief à la famille des Corradi, qui en restèrent les seigneurs reconnus jusqu’à la moitié du XVIIe ;il reste le Château à en témoigner le prestige, aujourd’hui affecté à l’exploitation agricole : la partie la mieux conservée, de formes Moyen Age finissant, est sûrement la façade caractérisée par une tour-porte massive, de grands mâchicoulis et de meurtrières qui servaient à la manoeuvre de deux ponts-levis pour la porte cochère et la poterne. L’Eglise San Germano, réhabilitée à plusieurs reprises mais avec encore des corniches d’étage romanes, conserve à l’intérieur, dans les médaillons de saints de la voûte, le portrait du Bienheureux Ardizio dei Corradi di Lignana, un des premiers disciples de San Francesco d’Assisi.
Casalrosso est un hameau de Lignana. Non loin de là l’Ecclesia de casali Rubeo est signalée déjà à partir de 1348 ; elle est aujourd’hui Eglise Santissimo Salvatore, après avoir subi plusieurs remaniements jusqu’en 1815, quand elle prit son aspect actuel : elle conserve encore une chaire intéressante du XVIIe.
Voici enfin à Larizzate, jadis grangia et lieu de défense comme avant-poste des remparts de Vercelli : les tours cylindriques et des parties d’un château sont bien visibles encore aujourd’hui ; l’église est dédiée à la Santissima Vergine Assunta. De là vie provient un document, daté 27 août 1493, qui, pour la première fois, signale la culture du riz dans le territoire de Vercelli.