Après avoir laissé derrière soi les vestiges romains et médiévaux de Susa, en partant de la gare de chemin de fer on va en direction de Urbiano, hameau de Mompantero : ancien établissement attesté par ce qui reste d’un aqueduc romain, il est connu pour le rite folklorique du 31 janvier dit Fora l’ours !, durant lequel on célèbre l’imminente sortie de l’hiver avec la capture de l’ours qui s’est réveillé de la léthargie.
L’itinéraire continue en direction de San Giuliano et Chiodo, hameaux de Susa, en passant par des fermes et des prés cultivés. Arrivés aux premières maisons de Foresto (Commune de Bussoleno) on visitera la Chapelle Madonna delle Grazie avec son cycle de fresques sur la vie de la Vierge, attribué au toulousain Anthoyne de Lhonye, actif dans le Valle di Susa vers 1462. Une brève déviation conduit à la Réserve Naturelle du Orrido di Foresto, une gorge suggestive creusée dans les millénaires par le passage de l’eau : à proximité on trouve encore les ruines d’un moulin et d’un lazaret.
Ayant laissé sur la droite le siège du Parc Orsiera Rocciavrè, l’Ancienne Route de Foresto conduit à Bussoleno. Passée la gare ferroviaire – près de laquelle on peut visiter leFERALP-Musée du Transport Ferroviaire à travers les Alpes – on continue jusqu’au pont sur la Dora Riparia, qui mène dans le bourg médiéval, où les restes des murs d’enceinte sont bien visibles, ainsi que la porte d’entrée et, le long de la rue principale, quelques habitations qui inspirèrent D’Andrade pour le Borgo Medievale de Torino : Palais Allais,Maison Amprimo, dite aussi Locanda della Croce Bianca, et Maison Aschieri. L’Eglise Santa Maria Assunta (XIIe), jouxtée du campanile roman, présente à l’intérieur des décorations en bois baroques et d’intéressants tableaux de Morgari et de Gentileschi, témoignages de sa reconstruction au XVIIIe par l’architecte lorrain De Willencourt.
Sortis de Bussoleno et après avoir traversé la nationale SS24, un parcours sur chemin de terre entre les champs et les vignobles conduit à San Giorio di Susa, reconnaissable par son Château médiéval sur la colline. Les traces de son rôle de voie de transit sont très nombreuses : la Chapelle San Sebastiano, la Garitta, ancien édifice avec une fenêtre géminée et un grand arc, l’Eglise San Giorgio martire avec son campanile roman, la maison forte ; parmi les fresques qui décorent la Chapelle San Lorenzo, fondée en 1328 et dite aussi du Comte, on distingue les symboles du pèlerinage : la visite des rois Mages et Saint Christophe. Dans ce bourg également reste vivante la tradition des Spadonari (porte-glaive) et de la Danse des Epées, qui se déroule au printemps à l’occasion de la fête patronale de la Saint-Georges martyr.
En laissant derrière soi l’agglomération, on verra, parallèle à la SS24, une route champêtre délimitée par des murets qui croise la vieille route communale. Le chemin de terre à sa gauche continue entre les champs de maïs, les potagers et les vignes pour arriver à la zone du Malpasso, que la tradition populaire évoque comme lieu habité par les brigands qui attaquaient les voyageurs : le parcours évite la route nationale jusqu’au croisement avec la route de la bourgade Pianverso. Une brève déviation conduit en aval aux fermes Roland et Giaconera, lieux historiques de halte et stations de poste où l’on changeait de monture, en amont des Chartreuses de Banda et de Montebendetto, deux des plus anciens établissements chartreux du Piemonte.
En continuant, on traverse cette fois le centre de Villar Focchiardo avec l’Eglise Santa Maria Assunta, exemple de baroque XVIIIe typique de la cour des Savoie, qui témoigne son lien étroit avec la famille commanditaire des Carroccio. Le bourg est un des plus importants sites de production de châtaignes de qualité dans le Valle di Susa et au Piemonte, et il est connu pour l’historique Fête du Marron.
Arrivés au hameau Comba on suit l’Ancienne Route de France jusqu’à Sant’Antonino di Susa. La place principale est dominée par l’imposante façade de l’Eglise Sant’Antonino martire, une des plus anciennes églises de la vallée, siège des chanoines hospitaliers de Sant’Antonino de la Vallée Nobilense : la structure architecturale présente des éléments typiques du XIe, comme le beffroi, et est enrichie de cycles picturaux du XIVe.
En continuant dans cette même direction, le chemin conduit à Vaie, où plane la fragrance du biscuit typique canestrello, cuit sur un outil en fer spécial en forme de tenailles. Un intéressant itinéraire archéologique naturel touche le Sanctuaire de San Pancrazio (XIe) et se termine au Musée d’Archéologie expérimentale.
L’Ancienne Route de France porte en outre à Chiusa San Michele : ce nom est lié au reste des Cluses Lombardes qui ont été le théâtre des affrontements entre Charlemagne et Didier de Lombardie, et dépendant de la Sacra di San Michele, qui domine le bourg du mont Pirchiriano. A droite de l’Eglise San Pietro apostolo (XVIIIe), par le vieux chemin muletier parfois délimité de murets en pierres sèches qui serpente entre les champs cultivés et les bois, on rejoint en 2 heures environ l’abbaye de Chiusa. L’imposante Sacra di San Michele (983-987 ap.J.-C), monument symbole du Piemonte, est une des architectures romanes les plus importantes d’Europe, centre de culture monastique et destination depuis des siècles d’un pèlerinage international. La Loggia des Virets, l’Escalier des Morts, le Portail du Zodiac, la fresque de l’Assomption de la Vierge, les planches du triptyque de Defendente Ferrari (XVIe), les retables du peintre de Cremona Antonio Maria Viani sont quelques-uns des éléments qui distinguent l’édifice sacré. Les travaux et campagnes de décoration ont continué au cours des siècles jusqu’à la grande restauration de Alfredo D’Andrade en 1889.
De la Sacra di San Michele une intéressante variante de l’itinéraire prévoit la descente dans le Val Sangone en franchissant le Colle Braida : passé Valgioie, situé dans une position panoramique et immergé dans le magnifique contexte paysager du groupe montagneux Orsiera-Rocciavrè, on arrive à Giaveno. Aujourd’hui c’est une petite ville résidentielle ; dans le passé elle dépendait de la Sacra, qui y avait un château abbatial : la partie ancienne de la ville se rassemble autour de la Collégiale San Lorenzo martire(XVIIe), à l’Eglise des Batù (XVIe) et à la Tour de l’Horloge.