Flèches blanches/jaune et pèlerin jaune
Train Ligne Torino-Bardonecchia, www.trenitalia.com
En partant du complexe monastique, un chemin muletier traverse le hameau San Pietro. Puis il descend en larges tournants, étapes du Chemin de Croix, jusqu’à Sant’Ambrogio di Torino, dont le bourg médiévale est bien visible à l’intérieur de l’enceinte fortifiée intacte, avec les tours de guet (XIIIe) et le Château abbatial (XIIe), en position dominante sur le bourg. L’Eglise San Giovanni Vincenzo, l’ermite fondateur de la Sacra, a une valeur artistique et architecturale considérable : le plan de l’intérieur, la coupole et la façade sont du XVIIIe, d’après un projet de Vittone, tandis que le campanile, construit peut-être sur un édifice militaire précédent, présente le style sobre de l’original roman. L’itinéraire continue en traversant la rue principale de Sant’Ambrogio jusqu’au Musée de la Fabrique de Dynamite Nobel : un exemple intéressant d’architecture industrielle du début du XXe qui de 1872 à 1965 a été la fabrique d’explosifs la plus importante d’Europe. On peut rejoindre l’agglomération également depuis Chiusa San Michele en suivant l’Ancienne Route de France, qui longe la base du mont Pirchiriano : de là la ferrata Carlo Giorda monte vers la Sacra di San Michele.
Passée la fabrique de dynamite, la route conduit au centre historique d’Avigliana. Le coeur médiéval de la ville est Piazza Conte Rosso, caractérisé par l’ancien puits, les édifices en terre cuite et leurs arcades monumentales. En haut, le Château d’Ardouin (Xe) le surveille : la dot de la comtesse Adelaïde de Susa aux Savoie, qui devint un avant-poste des ambitions de la dynastie sur la région turinoise, et qui fut démantelé par les Français en 1690. L’Eglise San Giovanni (XIIIe) conserve des oeuvres précieuses comme la chaire en bois (XVIe) et les toiles de Defendente Ferrari ; près de l’église on peut en outre observer la Tour de l’horloge, sur laquelle fut placée en 1330 la première horloge publique du Piemonte. Parmi les édifices sacrés d’Avigliana on signale le Sanctuaire de la Madonna dei Laghi (XVIIe), construit sur les lieux où se dressait une colonne votive qui était but de pèlerinage déjà au XIVe ; l’Église San Pietro (XIIe) avec la fascinante stratification de fresques datables du XIe au XVe ; l’Église Santa Maria Maggiore, de plan roman avec des modifications dans un esprit gothique au XIVe.
L’itinéraire se poursuit entre les ruelles moyenâgeuses de la cité près du Palais du Bienheureux Humbert, construit suite à un legs de 1347 et siège de l’ancien Hôpital, où étaient accueillis les pèlerins qui transitaient sur la Via Francigena.
Après avoir atteint Piazza del Popolo et traversé Corso Laghi, l’Ancienne Route de France continue en plaine entre les champs jusqu’au hameau Ferriera de Buttigliera Alta : la route franchit le chemin de fer sur le passage supérieur et arrive à la Commanderie de Sant’Antonio di Ranverso. Buttigliera, né tout près de la colline morainique, fut un bourg dépendant de Avigliana jusqu’en 1619, mais son histoire est étroitement liée à la présence de cette commanderie : le complexe hospitalier commença son activité à partir de 1188 sur une initiative de l’ordre de Saint-Antoine de Vienne, qui s’était consacré à l’assistance des pèlerins sur la Via Francigena et à soigner les malades d’ergotisme (le « feu de Saint-Antoine ») ; aidée dans les siècles par les Savoie, sa gestion passa ensuite à l’Ordre de Saint-Maurice, auquel il appartient encore aujourd’hui. Le style gothique, les éléments en terre cuite aux fenêtres et aux clés de voûte et la célèbre façade à gables en font un des monuments qui ont le plus de caractère au Piemonte ; à l’intérieur, en dehors du polyptyque de Defendente Ferrari, parmi les campagnes de décoration datables du XIIe au XVe, se distingue l’oeuvre picturale de Giacomo Jaquerio : la Vierge en trône, les Histoires de Saint Blaise, le cycle de la Passion.
L’itinéraire se poursuit en direction de Rosta : il côtoie la gare ferroviaire jusqu’à l’embranchement pour Rivoli. Edifié à l’époque romaine sur la Via ad Galliam de Torino au Montgenèvre, au Moyen Age le bourg devint une partie de Rivoli et en partie assujetti à la Commanderie de Sant’Antonio di Ranverso, jusqu’à ce qu’il acquière son autonomie au XVIIe.
De là la route passe près d’une zone de champs cultivés, de bois et de zones résidentielles sur les pentes de la moraine sur laquelle se dresse le noyau le plus ancien de Rivoli : ses origines romaines sont attestées par des pièces archéologiques significatives le long de la Via ad Galliam vers Rosta. Le centre médiéval fut construit sur les pentes de la colline dominée par le Château du XIe, aujourd’hui un imposant édifice baroque construit au XVIIIe sur les plans de Filippo Juvarra mais resté inachevé : après sa restauration par l’architecte Andrea Bruno, qui s’est terminée en 1984, cette résidence des Savoie est devenue le plus important musée italien dédié à l’art contemporain, qui renferme une collection permanente prestigieuse, et qui programme des événements et des expositions de rayonnement international. Les rues pavées de la ville historique sont encore bordées par beaucoup de témoignages de son riche passé : la Maison du Comte Vert, demeure d’Amedée VI de Savoie, un joyau du XIVe à la façade décorée de motifs anthropomorphes et floraux en terre cuite ; l’Eglise Santa Croce (XVIIIe), avec des traces d’une ancienne confrérie médiévale active comme institution hospitalière ; Palais Piozzo Rosignano, érigé en 1788 comme résidence du chancelier du Grand Prieuré de l’Ordre de Malte ; la Tour de la filature, une des plus importantes illustrations de l’architecture médiévale de Rivoli.
La Via Francigena continue alors en direction de Collegno, arrivant aux portes de Torino. Une nouvelle variante dans un cadre paysager part du hameau Bertassi entre Sant’Ambrogio di Torino et Avigliana, où un parcours balisé traverse la Palude dei Mareschi, une zone humide qui annonce le Lago Grande et un espace protégé du Parc Naturel des Lacs d’Avigliana. Une route non goudronnée près d’une aire de repos tourne en direction de la colline, sur le sentier du mont Capretto : on le quitte à un croisement avec une édicule votive, en continuant à la base de la colline sur laquelle se dresse le Château d’Ardouin, et en une brève montée on atteint Piazza Conte Rosso à Avigliana.
Une « bretelle » qui relie les Vie Francigene du Valle di Susa part de la Commanderie de Sant’Antonio di Ranverso, suit la Vieille Route d’Alpignano et dépasse la nationale SS25 : la route non goudronnée pénètre dans une zone de bois et de prés cultivés et longe la Dora Riparia dans son dernier tronçon, jusqu’au Vieux Pont d’Alpignano.