"08/08/2023, Cort - Verrès, 3. L'arrêt prématuré de la veille s'est avéré être le bon choix. Marcher sur cette route est beau, tout comme il est beau de lutter pour continuer à avancer à chaque pas. La fatigue fait du bien, elle permet de se concentrer sur des mouvements simples. Votre corps semble vous parler, votre respiration est difficile, vos poumons se gonflent et votre cœur bat comme un marteau qui frappe fort sur votre poitrine. C'est comme pour n'importe quelle activité physique, mais je ressens quelque chose de plus que je ne peux pas expliquer. La fatigue est donc agréable, tant que l'on ne ressent pas de douleur, auquel cas tout change, mais souvent les deux se confondent et l'on passe de l'un à l'autre plusieurs fois. Au bout de trois jours après le départ, les jambes se délient miraculeusement, toutes les douleurs disparaissent et il ne reste plus qu'un long chemin à parcourir. C'est une sensation merveilleuse ! Le corps semble s'être enfin mis au diapason, la tête aussi, mais il a fallu quelques jours pour s'immerger pleinement dans l'expérience de la Francigena et l'adaptation du corps le manifeste de la manière la plus évidente. À la fin de l'étape, nous rencontrons Renato, un sympathique agriculteur sur une Vespa ancienne qu'il n'a pas l'intention de vendre. Il nous raconte quelques anecdotes concernant la vallée et son histoire personnelle ; je lui demande de nous saluer en dialecte et il me répond pratiquement en français. Nous arrivons facilement à Verrès, nous dormons à l'auberge Il Casello, attenante à la gare. C'est peut-être parce que j'ai toujours eu un faible pour les gares depuis l'époque de l'interrail, c'est peut-être à cause des nouveaux amis pèlerins que nous rencontrons au dîner, c'est peut-être à cause de l'atmosphère intemporelle de l'auberge, mais je sens que quelque chose a changé aujourd'hui, et que je n'aimerais rien de plus que cette "navigation au ralenti."