À pied, du château d’Aigle à l‘abbaye de Saint-Maurice. Un des endroits les plus suggestifs le long de la Via Francigena.

On dit qu’après une semaine de marche, notre corps et notre esprit entrent dans une autre dimension : non plus celle du randonneur, mais celle du pèlerin. En réalité, cette fois-ci, cela m’est arrivé au sixième jour, grâce sans doute au lieu final de cette autre belle journée on the road qui mène à l’abbaye de Saint-Maurice fondée en 515.

Mais allons dans l’ordre avec la chronique radiophonique de la “90ème minute” de l’étape. Aujourd’hui, nous nous attendions à de la pluie en fin de matinée, mais nous commençons à marcher avec un soleil chaud déjà bien placé dans le ciel. Elena est en forme et décide de partir avec moi : eh bien, je ne marcherai pas seul !
À 8 heures, nous laissons le centre ville d’Aigle derrière nous et après 20 minutes, nous passons devant le château dont nous avons déjà parlé hier. Le matin, avec ces rayons de soleil qui embrassent les vignes et le château en arrière-plan, on a l’impression d’être à l’intérieur d’un décor de film. J’ai pu voir quelques plans de Tim Burton avec ses décors souvent féeriques, parfois centrés sur des personnages excentriques et extravagants. Et pourquoi ne pas proposer à Burton de faire un film sur la Via Francigena ? Les pèlerins seraient de grands sujets à inclure dans ses récits ! Bref, ce coin de chemin est tellement beau et suggestif, peut-être l’un des plus “photogéniques” de la Via Francigena ; nous en profitons pour prendre des photos capables d’immortaliser cette vue.

Avec la tête légère et les jambes pleines d’énergie, nous continuons à essayer de rattraper le temps perdu. Mais voici la première série de montées qui rend tout plus compliqué et ralentit encore plus nos pas. La seule chose qui augmente, c’est le rythme cardiaque. En effet, si nous sommes maintenant à 415 mètres d’altitude et que dans 4 jours nous devons atteindre presque 2 500 mètres, peut-être que tôt ou tard nous devrons nous attendre à une ascension ! Top départ, la voici !
Après environ une heure d’itinéraire bien balisé dans les bois, le village d’Ollon surgit de nulle part en arrière-plan. Le chemin descend fortement, mieux vaut continuer en zig-zag pour alléger la tension sur les tendons et les chevilles. Pour une vraie solidarité sur le chemin, je suis aussi descendu en portant le sac à dos d’Elena.

À Ollon, il y a un snack à base de baguette, de jambon, de fromage et de salade (mais je découvre qu’ils ont également mis de la moutarde, que je ne supporte pas !) et des croissants au chocolat. Batteries rechargées.
En avant toute, avançons vers la destination finale. Entre-temps, Marlène Piron de l’Office du tourisme de Bex nous a rejoint et marche avec nous sur 7 km, jusqu’à la frontière avec le canton du Valais. C’est agréable de partager avec Marlène des idées, des projets, des propositions pour faire grandir la Via Francigena. Son enthousiasme et son professionnalisme sont une excellente carte de visite pour accueillir les pèlerins ! Enfin, Marlène nous a fait découvrir le patrimoine et les festivals locaux, les bains thermaux et le sentier du sel.
Nous arrivons à Massongex, en longeant le Rhône. Nous traversons le pont et voilà, nous sommes maintenant dans le canton du Valais. Au revoir et à bientôt, Canton de Vaud ! Les 4 derniers kilomètres passent avec aisance, même s’ils sont encore sous le soleil qui bat maintenant son plein, sans pitié (mais où est passée la pluie de la fin de matinée).

À 16h, nous arrivons enfin devant l’abbaye de Saint-Maurice, encastrée comme un joyau dans la montagne. Un lieu qui, quel que soit le moyen utilisé pour y accéder, ne peut pas vous laisser indifférent par son histoire et sa beauté. Depuis le Moyen Âge, Saint-Maurice est un point de référence pour les pèlerins de la Via Francigena et pour tous ceux qui traversent les Alpes. Nous sommes exactement à mi-chemin entre Canterbury et Rome.
L’Abbaye est toujours ouverte, il suffit d’y entrer pour se sentir submergé par un flux d’énergie et de charge spirituelle. Ne manquez pas le magnifique “Trésor” de l’abbaye (l’audioguide inclut dans le billet est utile) et le site archéologique dont la visite dure environ une heure et demie.

Il est également possible de dormir à l’ancienne abbaye Saint-Maurice : un privilège pour ceux qui parcourent la Via Francigena.
Nous quittons la visite guidée et l’abbaye. Maintenant, il pleut, et il pleut beaucoup. Avec un jet-leg de 7 heures, la prévision nous a rattrapé ! Mais demain, il ne va tout de même pas neiger ?