Les itinéraires culturels euro- péens sont le résultat d’une initiative louable, lancée par le Conseil de l’Europe en 1987 avec la « Déclaration de Saint- Jacques de Compostelle », et sont l’incarnation culturelle et touristique des valeurs fondamentales auxquelles le Conseil fait référence.
Les chemins de Compostelle ont été les pre- miers à être certifiés : ils sym- bolisaient les aspirations et les destins communs du continent européen, dans l’histoire duquel la dimension religieuse a tou- jours joué un rôle important et décisif. Voilà alors que l’idée du grand écrivain Johann W. Goethe (1749-1832) y trouve sa confirmation : « L’Europe est née en pèlerinage et le christianisme est sa langue maternelle ».
Afin de consolider le pro- gramme, en 2010 a été créé l’Accord Partiel élargi sur les Itinéraires Culturels (l’APE). Le Saint-Siège a officiellement ad- héré le 21 mars 2018 pour mani
fester son engagement pour la promotion de nos racines communes, qui enrichissent notre identité européenne.
Il n’est pas inutile de se demander quelle est la relation entre un chemin de pèlerinage et un itinéraire culturel. Faire un pèlerinage est autre chose que vagabonder sans but ou se livrer au commerce. Les pèlerins sont, au fond, ceux qui, guidés par la foi, « trouvent dans leur cœur des chemins tout tracés » (Ps. 84 :6) vers un destin transcen- dant eux et le monde où ils habitent. Le pèlerinage devient le symbole non seulement du chemin de l’église dans le monde entier, mais aussi de l’expérience chrétienne de chaque fidèle.
Les anciens chemins de pèlerinage ne pouvaient pas ne pas faire partie des itinéraires certifiés par le Conseil de l’Eu- rope. Ces itinéraires sont le témoignage historique de com- ment l’expérience religieuse, notamment chrétienne, s’est transformée en culture et de comment la culture a trouvé sa force d’inspiration dans la religion.
La religion et la culture ont toujours maintenu une relation dialectique. La religion a toujours été le cœur et l’âme pro- fonde des différentes cultures. Pendant la Conférence « (Re) Thinking Europe », organisée par la Commission des épis- copats de la Communauté Européenne (com.e.c.e.) le 28 octobre 2017, le Pape François a invité les participants « à considérer le rôle positif et constructif que la religion pos- sède, en général, dans la construction de la société ».
Il s’agit donc d’un dialogue au nom d’objectifs et de valeurs élevés. Il est nécessaire de promouvoir ces expériences qui ont permis le développement de l’identité européenne. Le pèlerinage en fait partie : là on connaît, on touche et on expé- rimente la vie, l’histoire, la nature et les valeurs des peuples européens qui, tout en étant différents les uns des autres, par- tagent le fait d’avoir été marqués par le christianisme.
On ne peut qu’apprécier la richesse religieuse et cultu- relle de ces chemins de pèlerinage, redécouverts dans les dernières années aussi grâce au programme du Conseil de l’Europe. Il s’agit de chemins anciens, riches en témoignages et en histoire, mais ils sont toujours nou- veaux parce que des hommes et des femmes d’Europe y marchent encore aujourd’hui. Qu’ils soient des pèlerins ou des voyageurs, qu’ils soient motivés ou pas par des raisons religieuses ou par des idéaux spirituels, ces hommes et femmes partagent, grâce à l’expérience du pèlerinage, des valeurs qui appartiennent à l’histoire de l’humanité et qui permettent, encore aujourd’hui, de construire l’identité de l’Europe.
Mons. Maurizio Bravi
Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation Mondiale du Tourisme
L’article fait partie du dernier numéro du magazine officiel de l’AEVF “Via Francigena”. La revue, éditée par le Studio Guidotti, est consultable gratuitement en ligne, sur le site www.rivistaviafrancigena.it et sera en vente sur le shop online. Beaucoup de nouvelles, d’informations et de témoignages à lire à pas lent en anglais, en français et en italien.